"Qu’il me donne un baiser de sa bouche", 1996 *

Régny
"Qu’il me donne un baiser de sa bouche" (Cantique des cantiques, I, 2) 1996
60 x 60 cm

Ce poème de la bible a donné lieu à d’innombrables sermons et commentaires depuis les pères de l’église jusqu’à aujourd’hui. Mis à part le simple poème amoureux, ils tournent autour de quatre thèmes principaux :
l’amour entre le peuple juif et Dieu
l’amour entre le Christ et son Eglise
l’amour entre le Christ et la Vierge
l’amour entre le Verbe de Dieu et l’âme de chaque être humain.

C’est en particulier ce quatrième point qui intéressait Paul Régny. C’est dans cette rencontre qu’il cherchait à atteindre puis à donner à voir par son œuvre quelques parcelles de la lumière incréée.

On peut évoquer aussi ces extraits du commentaire d’un exégète sur les écrits de Grégoire de Nysse : "La marche est combat chez Grégoire, combat en plein soleil de Résurrection, certes, mais combat tout de même. Il nous apprend à lire le Cantique comme une théologie de « la création perpétuelle » de l’épouse par l’Époux".
Par ailleurs, " l’épouse du Cantique représente pour l’exégète, au sein de l’Église, l’âme du chrétien, appelée à un progrès infini, « de commencement en commencement », vers un Dieu infini". Ce sont des thèmes que l’on peut retrouver d’une certaine manière dans les peintures sur la lutte avec l’ange ou les lutteurs.
Et, pour reprendre St Bernard (8ème sermon sur le Cantique des cantiques), ce baiser de Dieu est celui de l’Esprit-Saint, symbole de l’amour mais aussi de la connaissance : "Or c’est avec raison que la science qui se donne dans ce baiser est accompagnée, d’amour, car le baiser est le symbole de l’amour. Ainsi la science qui enfle, étant sans l’amour, ne procède pas du baiser, non plus que le zèle pour Dieu qui n’est pas selon la science, parce que le baiser donne l’une et l’autre de ces grâces, et la lumière de la connaissance et l’onction de la piété. Car il est un esprit de sagesse et d’intelligence, et, comme l’abeille qui forme la cire et le miel, il a en lui-même de quoi allumer le flambeau de la science et de quoi répandre le goût et les douceurs de la grâce. Que celui donc qui entend la vérité mais ne l’aime pas, non plus que celui qui l’aime et ne l’entend pas, ne s’imaginent ni l’un ni l’autre avoir reçu ce baiser. Car il n’y a place ni pour l’erreur ni pour la tiédeur dans ce baiser. C’est pourquoi, pour recevoir la double grâce qu’il communique, l’Épouse présente ses deux lèvres, je veux dire la lumière de l’intelligence et l’amour de la sagesse, afin que, dans la joie qu’elle ressentira d’avoir reçu un baiser si entier et si parfait, elle mérite d’entendre ces paroles : « La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a bénie pour toute l’éternité (Psaume XLIV, 3). »".

Et on peut ajouter, sans trahir la pensée de Paul Régny, vous êtes participant, grâce à l’Esprit, à la poursuite de la Création.

Cliquer ici pour voir aussi l’œuvre de 1998 "Cantique des cantiques"